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French Review

Black/Matrix Review for Sega Saturn


Test écrit par Murazame


Quatrième et officiellement dernière pour la Saturn, l'année 1998 fut pour le moins intense : une pléthore de jeux incroyables mais aussi beaucoup de projets avortés desquels Black/Matrix aurait très bien pu faire partie, quand on pense qu'il fut adapté tout juste un an après sur Dreamcast (Black/Matrix Advanced). Vendu exclusivement en pré-commande, une rupture de stocks inespérée déboucha au contraire sur une ré-édition, parée pour le coup d'un nouvel artwork (celui de la jaquette en bleu). Abordant un thème cher à un courant extrême de la scène heavy metal, il vint parfaire une ludothèque qui s'illustrait déjà formidablement bien dans le domaine du tactical.


It does matter if you're black or white

Voilà bien longtemps, au terme d'une terrible guerre qui dura très exactement 666 journées, que Méphistophélès mit fin au cirque d'une société bienpensante et hypocrite en terrassant Dieu et ses fidèles brebis. Un triomphe qui marqua le début d'un nouveau cycle, celui d'une domination entière des êtres dotés d'ailes noires, s'estimant être les descendants du vainqueur, sur ceux déployant dans leur dos des ailes blanches, autrement dit les maudits perdants destinés de fait à l'esclavage. Parmi les damnés, le jeune Abel, retrouvé blessé et inconscient sur un lieu de massacre, et pris en charge par une jolie fille appartenant à l'autre camp. Une promiscuité qui les conduira à commettre l'irréparable lorsqu'ils éprouveront réciproquement des sentiments amoureux. Le péché ultime !

Amnésique et convalescent, Abel va ainsi donc passer une année complète en compagnie de sa maîtresse, soit quatre saisons dédiées à sa ré-éducation : lecture, pêche, travail au champ ou dans la cuisine. Un prologue laissé au bon vouloir du joueur, chaque activité donnant lieu à un mini jeu ou, concernant les livres, l'enseignement des principes régissant le monde de Black/Matrix, afin d'améliorer de la façon qu'il désire ses aptitudes (dextérité, force, intelligence et vitalité). Un bonheur illicite qui va prendre fin le jour où les autorités locales se seront aperçues du blasphème en cours dans cette humble demeure campagnarde.
Un amour interdit qui va jeter Abel dans la terrible prison de Golgoda, destination finale des condamnés à mort, et le séparer à jamais de sa bien-aimée, emmenée vers un lieu tenu secret pour y subir quelque atroce punition. Dans sa cellule, il fait connaissance avec deux de ses semblables, Rebrobus et Gaius, coupables respectivement d'insoumission pour l'un, et de génocide envers le peuple dominateur pour l'autre, ainsi que auxquels deux de leurs antagonistes aux ailes sombres, que sont l'énigmatique Yohane, grand prêtre savant mais déchu, et le chétif Pilipo, souffre-douleur des geôliers que la rencontre avec Abel va littéralement transformer. Ensemble, ils vont tenter la grande évasion.


Du sang et des lames

Civilisation vivant sous l'égide de la croix inversée, rien ne pouvait mieux convenir que la thématique du liquide couleur vermeille, autour duquel s'articule le gameplay. Sanglant mais pas gore, Black/Matrix repose en effet sur un système de blood points (BP), autrement dit des points de sang que l'on recueille sur les cadavres des ennemis abattus, et qui ont ici deux fonctions essentielles.

Une première en tant que points magiques (MP) que l'on distribue soi-même avant chaque bataille, et puis une autre beaucoup moins conventionnelle où ils vont servir à la transformation des armes, via l'écran dit de cérémonie, qui possèdent chacune quatre variations (pour autant de noms différents) conférant à son propriétaire un attribut nouveau, sous forme d'une attaque spéciale, d'un don, ou parfois d'un handicap (fuite permanente de points de vie, consommation doublée de BP, etc.). De loin le plus original et utile, on retiendra le pouvoir qui permet d'effectuer de force un échange d'arme avec son adversaire, car bien que traditionnellement vendu aussi en magasin, les lames parmi les plus rares et les plus puissantes ne seront évidemment dénichées que par ce biais. Il va sans dire qu'il vaut donc mieux jeter un oeil à l'équipement de ses ennemis, avant de croiser aveuglément le fer.

Une dualité intéressante qui rend d'autant plus précieuse l'utilisation d'hémoglobine mais, pour dire franchement, un concept d'altération un poil d'orc trop hasardeux pour en profiter pleinement sans une aide, sachant que sur une échelle de 1 à 255, les valeurs nécessaires à une métamorphose s'étalent généralement sur des marges ridicules de quelques points seulement (par exemple 193-197 ou 30-33), que l'on doit trouver soi-même. Du reste, s'il est bien sûr possible de rétablir une arme modifiée (avec succès ou non), pour lui rendre son statut initial, l'action coûtera chaque fois autant de BP qu'on lui en a jusque là administrés.


La magie du bio

Nos amis les vampires en sont témoins, s'abreuver de sang humain n'est pas sans conséquence mais confère bien au contraire des pouvoirs surnaturels.
Dans le monde de Black/Matrix, le recours à la magie recquiert donc des stocks de BP, et son efficacité est fluctuente selon les conditions temporelles dans lesquelles on en fait usage ; une composante de temps, ici appelée bio-rythme et représentée par une pendule (sur la droite de l'écran) ornée de cinq petites sphères symbolisant chacune un élément : feu, glace, foudre, lumière et ténèbres. Ainsi, la force d'un sortilège est décuplée quand l'élément en question est en surbrillance, l'heure déterminant pour sa part le niveau de multiplication de sa puissance.

Exalhant une aura décadente, mystérieuse ou occulte, les lieux profanés par notre assemblée d'hérétiques, s'ils ne recèlent pas de trésors oubliés, sont souvent hantés d'esprits en tout genre que les magies à effet de zone vont pouvoir réveiller. Inhumés un peu aléatoirement dans les niveaux, l'apparition de ces spectres est spectaculaire, mais leur éruption produit des retombées, néfastes ou bienveillantes à l'égard des deux parties sans distinction, qui ne sont que temporaires. Plus impressionnantes encore, les invocations auxquelles vont s'initier nos guerriers apostats, (attention spoiler !) lorsqu'ils se seront dépouillés de leurs ailes et auront revêtus les armures légendaires. Bien qu'elles soient exclusives à leur propriétaire respectif, leur utilisation exigeant une quantité de BP bien souvent supérieure à ce qu'ils ne possèdent individuellement, elles ne pourront être lancées qu'avec une participation collective, en prenant bien en compte aussi que, cruciale précision, seuls les BP des membres n'ayant pas encore agit sont disponibles. Elles seront, du reste, absolument indispensables pour entamer la difficile confrontation finale.


Mi archange, mi démon

Traçant leur chemin à travers des paysages désolés, et sillonant des villes depuis lors sous le joug de grandes vertus détournées, telles que l'égalité pervertie de Sodom et Gomora, la liberté au service de l'argent roi à Pandemonium ou d'une vigoureuse intempérence à Kanan ; le récit va, après une amorce tragique, progressivement sombrer dans l'odyssée biblique, laissant peu de place à des rencontres subalternes. Quelques renforts égarés se manifesteront parfois malgré tout, sous certaines conditions assez opaques, mais resteront inéluctablement dans l'ombre de la force centrale formée par Abel, Yohane, Gaius, Rebrobus, Marco, Pilipo et dans une moindre mesure Lupilupi. Exclusivement féminins, libre au joueur de refuser la venue de ces jolies dames rebelles dans sa troupe, car si elles peuvent constituer une aide appréciable, leur intégration est difficile (mais accroît d'autant plus l'intérêt du jeu) du fait qu'elles débutent toutes sans exception au niveau un.

Ne craignant pas la mort, un preux soldat ne peut toutefois ignorer ses blessures car ici, en dessous d'un certain seuil de HP, il tombe dans un état d'épuisement, un genou à terre et une puissance de coups affaiblie. Une fois vidé de ses HP, son corps gisant sur le sol, une ultime attaque enverra au ciel de manière définitive les personnages secondaires évoqués ci-avant (Fire Emblem style), alors que les autres seront juste bannis du combat en cours (Super Robot Taisen style), privés ainsi des précieux points d'expérience, délivrés non pas pendant mais à la fin, et dont la distribution est laissée au choix du joueur (chaque niveau franchi offrant six points à répartir librement eux aussi). Limité à dix sur le front, Black/Matrix s'avère d'autant plus subtil et intraitable que les fioles, pour quelques gouttes de BP seulement, coûtent une fortune en magasin, et que la fonction sauvegarde est scellée pendant la bataille.


Sombre rêve d'une nuit ou cauchemar interminable ?

Bien qu'il ne dépoussière pas à proprement parler le simulation-rpg, la qualité première du trop sous-estimé Black/Matrix, outre une liberté de build appréciable et un aspect stratégique bien développé, réside dans la nécessaire prise en compte de nombreux éléments mis à la disposition du joueur, tous utiles sans être indispensables pour atteindre l'épilogue, mais importants voir même essentiels pour obtenir la meilleure note, attribuée après chaque victoire, et viser ainsi la consécration du plus haut grade, lequel est décerné en toute fin de jeu.
Constamment plongé dans la nuit (par ailleurs rigoureusement conseillée pour s'y aventurer), ou au mieux baigné dans une lueur maussade, il y a aussi cet univers d'un noir véritable qui dégage une ambiance phénoménale, presque palpable tant la minutie apportée aux décors et des musiques étranges servent son propos. Ces dernières abordent des airs tantôt graves, tantôt mélancoliques, et vont même jusqu'à s'octroyer les services insolites d'une vulgaire platine de disc jokey, pour quelques scratchs étouffés qu'on imaginerait sortis d'un cabaret gothique souterrain, mais sans jamais perdre pour autant leur caractère ésotérique.
De par son jeu posé et pointu, déroulant une histoire dense et loquace, Black/Matrix s'affirme sans mal comme un petit chef-d'oeuvre mais, frappé du châtiment divin pour son caractère blasphématoire, sans doute voué à rester plus ou moins confidentiel pour encore quelques siècles.


EXCELLENT : 9/10 -> 95%


TECHNICAL :
Satakore Review Rating - 7 / 10
GAMEPLAY :
Satakore Review Rating - 9 / 10
GRAPHICS :
Satakore Review Rating - 9 / 10
SOUND :
Satakore Review Rating - 9 / 10
STORY :
Satakore Review Rating - 9 / 10






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