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French Review

Cyber Doll Review for Sega Saturn


Test écrit par Murazame


C'est à I'MAX (qui n'existe plus aujourd'hui) que l'on doit sur Saturn l'édition de l'excellent Worms pour nos amis nippons, le copier-coller “jeu d'aventure” basé sur l'anime Bakuretsu Hunter, un travail d'archivage de vieilleries nommé Irem Arcade Classics qui vaut le coup d'oeil ne serait-ce que pour la présence de Spartan X, et l'intrigant Cyber Doll enfin, rpg malchanceux d'être sorti précisément le même jour qu'un certain Albert Odyssey Gaiden ~Legend of Eldean~.
Titre plutôt obscur en plus de lui être exclusif, Cyber Doll ressemble à un petit miracle dans le paysage “rpg-iesque” de la Saturn qui n'est pas fort encombré par le genre cyberpunk. Responsable du projet, le sieur Kawaguchi Yasuyuki ne s'était pas trompé en s'allouant les services d'un vieux briscard du monster design en la personne de Nirasawa Yasuhi (Kamen Rider, etc.), car ce dernier bossera par la suite sur Ennemy Zero ou encore Deep Fear, avant d'acquérir une notoriété carrément internationale avec, par exemple, son nom au générique du film Iron Man : Rise of Technovore!!


L'invasion de sombres ÉT-rangers E.T -en- rangers

Grâce aux travaux du docteur Lyrius, l'épouse du président américain en place à l'époque, la crainte du sida n'est plus qu'une mauvaise histoire ancienne. Un vent d'espoir qui malheureusement fut aussitôt balayé par l'émergence d'une nouvelle maladie dégénérative, dite MLD (Muscular Loosening Disease), consécutivement à la chute d'une météorite en 1999. L'issue de ce cataclysme aurait même pu s'avérer fatale pour le genre humain sans l'intervention, une fois encore, du docteur et son projet qui, intitulé HMP (Human Machiners Project), consiste à remplacer par des prothèses les muscles altérés. L'ironie du sort cependant condamna Lyrius à mourir de la maladie qu'elle combattait, mais la transplantation de son cerveau dans un superordinateur permit la continuité du programme qui vint à bout de l'épidémie en 2037.
Comble de l'infortune, les bienfaits de la victoire furent là aussi de courte durée car d'étranges créatures, extrêmement violentes et dont l'origine reste à ce jour une énigme, ont débuté l'invasion de la Terre en 2039 : les Dark Visitors (DV).
L'action présente se passe en 2055 à Zero City, capitale d'un monde unifié suite à ces terribles évènements où le joueur incarne un humanoïde qui vient tout juste d'être enrôlé chez les DEBUGGER, une unité de forces spéciales dédiée à l'élimination de ces indésirables. Orphelin dès son plus jeune âge, il traîne avec lui le traumatisme causé par la mort de sa mère adoptive, massacrée sous ses yeux par ces mêmes envahisseurs. Habité par un bouillant désir de vengeance, la jeune recrue doit toutefois se plier aux ordres qui, certes le font participer à leur éradication (officiellement tout du moins), mais l'envoient gérer bien souvent aussi le nettoyage d'une ville gangrenée par les cartels de la drogue.

Dégâts des os

La progression dans Cyber Doll est un enchaînement linéaire de missions imposées que l'on doit remplir pour le compte d'une autorité sans visage. Après un succinct debriefing, on part enquêter dans la zone concernée puis une fois le boulot terminé, on est renvoyé à la base par un système de téléportation automatique, tel un vulgaire jouet armé rendu à son propriétaire.

Pas d'inquiétude de ce côté-ci en tout cas, le choix de l'équipement étant laissé au choix du joueur dans la seule limite du poids supportable, on se fera plaisir en piochant dans un panel d'armes plutôt conventionnelles, si ce n'est l'exotisme de leur petit nom (Cerberos, Ifrit, Barbarian, Hard-Beauty, Fatman, Chaos Smasher, Minch Maker, etc.). Puissance et poésie mises à part, elles se différencient par la portée du tir et le type de dégâts infligés : pin point pour des dommages localisés, few pour une répartition aléatoire sur plusieurs parties du corps, all pour une charge brutale et grossière.
Ainsi usera-t-on à bout portant des flingues ou du poing si l'on est à court de munition (pin point), des lance-flammes (few) ou des shotguns (all), alors qu'à moyenne distance (soit un écran d'écart avec l'ennemi), on fera parler les fusils (pin point), les mitraillettes (few) ou les grosses gatlings (all). À grande distance, ce seront les lasers (pin point), les lance-roquettes (few) et les trucs un peu plus futuristes (all) qui prendront la relève.

Constitué d'une douzaine d'implants bio-mécaniques interchangeables (cerveau, coeur, système nerveux, muscles...), réparties en 5 grandes régions pour leur gestion en combat (tête, torse, jambes, bras droit et gauche), le gain de potentiel du héros (attaque, défense, rapidité et points de vie) repose donc majoritairement sur une personnalisation physique, grâce aux pièces détachées vendues en magasin ou récupérées sur les carcasses de ses victimes... si elles n'ont pas été entièrement anéanties.
De fait, Cyber Doll emprunte beaucoup à Front Mission, sans renoncer à un leveling qui va définir ici le niveau de maîtrise des 3 catégories d'armement, lui-même rehaussé d'un critère abstrait concernant l'habileté à manier chacun des modèles d'armes. Le très romantique magnum Kiss & Die par exemple, requiert donc un niveau 47 en pin point pour s'en équiper, mais il ne déploiera réellement toute sa puissance qu'une fois dompté au terme d'une utilisation régulière.

L'A.D.N, les A.D.M et la D.A

Sur le papier, le rpg d'I'MAX est susceptible de ravir pas mal de joueurs. Dans la pratique, si l'on peste parfois contre les DV qui innondent jusque les rues de la ville, la tranquillité n'étant garantie que sous un toit (commerce ou habitation), quel plaisir en effet de pouvoir façonner son avatar selon ses préférences (force, endurance et, très efficace pour fuir ou décliner un combat, rapidité), grâce aux pièces détachées récupérées sur le cadavre des ennemis que l'on vient de mettre en lambeaux. Attention cependant, l'équipement ne peut être changé qu'aux magasins compétents et leurs services ne sont pas gratuits !
Ainsi, le jeu choie encourage dans leur névrose les complétistes (ou collectionneurs compulsifs) qui voudront mordicus rassembler les 456 body parts, en mettant à leur disposition une fonction scanner (search) pour que l'adversaire, une fois celui-ci identifié, affiche son statut (composition de son armature, etc.) avant et ses HP pendant une bataille.
Il ne devrait pas moins contenter ceux qui, boursoufflés de vagues pulsions destructrices, seront venus chercher une thérapie. Et quoi de mieux que les plaisirs du démembrement : supprimer méthodiquement les bras de son adversaire, bousiller les jambes avant de l'achever à une distance qui lui interdit de riposter (faute d'équipement approprié), ou au contraire se hâter de le supprimer en ne visant que la tête ou le torse, points névralgiques synonymes de mort (et de game over pour nous)? Naturellement donc, la réciproque est vraie et si jamais l'honneur est pour vous une notion importante, le suicide est en option au cas où vous seriez en mauvaise posture !

Pourtant, passé un premier tiers un peu corsé, une étrange lassitude pointe le bout de son nez...

Replicant infinite

En fait, on comprend que les premiers laissés-pour-compte seront les esthètes et les hédonistes de la guerre, dès lors que le constat est dressé que peu importe le changement de pièce effectué, l'apparence de son avatar ne varie pas d'un iota. Peu importe l'aptitude développée, son gabarit reste inflexible. Peu importe le modèle d'arme utilisé, les 4 (q-u-a-t-r-e !) “effets spéciaux” sont désespérement identiques : une traînée de fumée, un rayon blanc grisâtre, des flammes ou de très discrets éclats de lumière sur le bonhomme. Point. Aucune simple variation de couleur que même une Master System aurait su gérer, de bruitage ou de forme, rien ! Et c'est d'autant plus navrant que les armes (tout comme les pièces détachées) ont chacune été dessinées avec un soin qui laissait présager bien des réjouissances...

Puisant son inspiration aussi bien du côté de Blade Runner que de Mad Max et même Alien, les décors minutieusement nocturnes et pluvieux ou cradingues et dévastés confèrent au jeu une certaine identité, mais nullepart (dialogues, menus, etc.) on ne profitera du design singulier de Nirasawa. Un véritable gâchis car pas même la notice ne daignant compiler les artworks ou présenter la totalité des protagonistes, il faudra donc se rabattre sur les 2 guide books pour se délecter de manière exhaustive de ce qui aurait pu être proposé, soyons fous, dans une gallerie d'images !
Axée sur un mélange psychédélique de guitares saturées et de sons synthétiques, le tout saupoudré d'un emprunt à Mozart (Toccata and fugue !), la bande son signée Ishii Yoshiyuki et Andô Dôta est audacieuse sans être mémorable ; l'univers du cyberpunk lui profitant plus à elle-même qu'elle ne le valorise lui. Dommage aussi pour l'absence de doublages mais on n'en tiendra pas rigueur à IMAX qui n'en avait sans doute pas trop les moyens.
Enfin, l'amateur éclairé de cyberpunk trouvera sûrement lui aussi à redire sur un scénario très sympa au demeurant, mais qui peine un peu à s'épaissir pour cause d'un développement parfois expéditif : la rivalité incarnée par Gig, DEBUGGER assoiffé de puissance ; l'entrée en scène de la très instable Monica, jeune fille enfermée dans un corps de femme, pur produit de la génétique ; ou encore la rencontre avec Layla qui lui rappelle Marylin, sa défunte mère adoptive. Autant de personnages survolés et de relations juste effleurées qui auraient mérité d'être approfondis.


Une meilleure valorisation par l'image des protagonistes, ainsi que des effets spéciaux en plus grand nombre pour briser la monotonie d'une course à l'armement, qui ne délivre jamais de nouveaux plaisirs sensoriels : voilà qui pourrait sembler n'être que du chipotage de joueur sourcilleux à l'excès. Pourtant, c'est bel et bien cette carence en expressivité (graphique donc et, dans une moindre mesure, scénaristique) qui se manifestera avec insistance tout au long de l'aventure.
Suitant le jeu d'auteur aux faibles moyens, l'univers attrayant du cyberpunk ne peut tout sauver, mais le gameplay se montre suffisamment profond (et en anglais !) pour le ranger dans la catégorie des bons rpg de la console.


ALMOST GOOD : 6/10 -> 66%


TECHNICAL :
Satakore Review Rating - 5 / 10
GAMEPLAY :
Satakore Review Rating - 8 / 10
GRAPHICS :
Satakore Review Rating - 6 / 10
SOUND :
Satakore Review Rating - 6 / 10
STORY :
Satakore Review Rating - 7 / 10






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